Par contre ou en revanche ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces locutions adverbiales ne sont, à l’origine, absolument pas interchangeables, et, d’ailleurs, elles ont un sens contraire…

En revanche signifie « en compensation », « en contrepartie », et annonce donc une information positive, un atout, un avantage, par rapport à l’information qui la précède.

Cet auteur n’est pas prolifique, en revanche, ses textes sont de grande qualité.

 À l’inverse, par contre implique l’introduction d’un inconvénient, d’une information négative.

Pierre excelle dans l’apprentissage des langues étrangères. Par contre, il n’est pas très doué pour les mathématiques.

 Il ne faudrait donc pas dire ou écrire :

 X Pierre n’est pas très doué pour les mathématiques. Par contre, il excelle dans l’apprentissage des langues étrangères.

X Cet auteur écrit des textes de grande qualité. En revanche, il n’est pas prolifique.

Cependant…

Par contre a longtemps été critiqué par les linguistes. Aujourd’hui encore, l’Académie française en déconseille l’usage, tout en reconnaissant que de grands auteurs ont utilisé cette locution adverbiale et que son emploi ne doit pas être considéré comme fautif.

Ce débat aidant, ces expressions sont souvent employées l’une pour l’autre, et, d’ailleurs, même Le Petit Larousse illustré les présente comme interchangeables en donnant en revanche comme synonyme à par contre et en donnant inversement (sans nuance positive donc) pour en revanche.

On peut remarquer toutefois que le Larousse en ligne introduit, lui, une nuance à cette interchangeabilité en précisant que « dans l’expression soignée, en particulier à l’écrit, [il faut] préférer en revanche, au contraire, du moins, en fonction du contexte ». 

L’Académie française précise de plus : « On veillera à ne pas oublier le sens fort de cette locution et à n’employer celle-ci que lorsque le contexte ne s’y oppose pas. Ainsi, comme le faisait remarquer Gide, on ne dirait pas : « Mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche, j’y ai perdu mes deux fils ». »

 

En bref, vous faites comme vous voulez, mais vous emploierez désormais ces expressions en connaissance de cause. Et, si vous êtes fondamentalement « cycloptimiste » (cliquez ici pour découvrir ce mot-valise...), vous préférerez sans aucun doute les tournures avec en revanche !

 

Référence : Les Bizarreries de la langue française, petit inventaire de ses subtilités, Daniel Lacotte, Albin Michel, 2011.

 

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