Aiguë ou aigüe ?

Voici un ortho-truc ambigu s’il en est, voyez plutôt.

aigüe ou aiguë ?

exigüe ou exiguë ?

ambigüe ou ambiguë ?

contigüe ou contiguë ?

Ces adjectifs sont à la forme féminine. Les formes masculines s’écrivent bien sans tréma :

Aigu, exigu, ambigu, contigu…

La règle est extrêmement simple à retenir puisque le tréma accompagne toujours le e du féminin et donc lui appartient. On ajoute donc le e et son accent ensemble, ë. Ce tréma sert à préciser que la voyelle qui le précède doit être prononcée en tant que telle (ou, autrement dit, à neutraliser le e qui le porte).

Aigue se prononcerait comme egg

Aiguë se prononce comme aigu

Sachez d’ailleurs que le tréma en français ne s’utilise presque exclusivement que sur le e et le i. Le ü est extrêmement rare et le ä et ö inexistants. 

Noël, coïncidence, naïf, canoë, maïs…

Emmaüs, capharnaüm.

Jusque là, c’était très simple, mais voilà que les simplifications voulues par la réforme de l’orthographe de 1990 (voir ici) nous compliquent finalement cette règle très facile à mémoriser, en disant que le tréma s’ajoute bel et bien mais sur le u et donc que les nouvelles graphies recommandées sont :

Aigüe, exigüe, ambigüe, contigüe…

Pourquoi donc ??? « Pour éviter les difficultés de lecture. » D'accord... Plutôt que d'informer sur la prononciation de la lettre qui le précède, le tréma indiquerait ainsi qu'il faut prononcer la lettre qu'il accentue. C'est logique, aussi.

Pour conclure, cet ortho-truc est donc finalement inutile puisque les deux graphies restent correctes : la nouvelle recommandée mais non imposée et l’ancienne toujours acceptée.

Remarquons cependant que si certains dictionnaires proposent désormais les deux graphies (comme mon Petit Larousse 2018, par exemple), ce n'est pas le cas partout. D’éminents spécialistes continuent de se tenir à l'ancienne règle. J’en veux pour preuve l’article consacré à cette question dans le Grand Livre anti-fautes d’orthographe (septembre 2013) du correcteur qu’on ne présente plus ici, Jean-Pierre Colignon.

Retenons en tout cas toujours ceci à propos des mots se trouvant acceptés sous deux formes en raison de la réforme de l’orthographe : l’homogénéité d’un texte contribue à sa qualité, il faut donc faire des choix mais aussi s’y tenir.

Une pièce sera exigüe et contigüe à une autre...

ou exiguë et contiguë à une autre !

 

 

Références : Le Grand Livre anti-fautes d’orthographe, J.-P. Colignon, Ed. L’Opportun (2013), www.larousse.fr, http://www.orthographe-recommandee.info/index.htm

 

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