Urs Fischer

  • Une histoire d’sssss ?

    La semaine dernière, j’étais à Venise, et j’ai vu un ours...

    J’ai vu un ours qu’on écrit Urs. Un Urs qui est en voie de disparition mais qui n’est pas un animal. Un Urs qui est un homme non fait de chair et d’os, mais de cire. Bref, un autoportrait grandeur nature de l’artiste contemporain Urs Fischer, en cire, telle une bougie géante... allumée. Une œuvre rongée par la flamme, dégoulinante de cire, en voie de disparition, donc.

    C’était au Palais Grassi, et c’était une rétrospective consacrée aux travaux de l’artiste suisse depuis les années 90 à aujourd’hui.

    Tout ça n’a rien à voir avec l’orthographe ? Mais si, mais si. Attendez !

    Un petit trajet en Vaporetto, arrêt San Samuele, pas grand monde. Une grande affiche très blanche, avec un bandeau ondulant turquoise en partie haute et, semblant en relief, une main blanche sortant du mur blanc et tenant en lévitation un œuf tout aussi blanc. Et quelques inscriptions enfin, le lieu, Palazzo Grassi, François Pinault Foundation, l’artiste, Urs Fischer, le titre de l’exposition, Madame Fisscher, et les dates. Tiens, l’expo vient juste d’ouvrir ses portes pour trois mois.

    Entrons. Atelier d’artiste chaotique, lave-linge en bois peint en blanc (encore du blanc !), paquet de cigarettes errant dans les airs, main sortant du mur avec son œuf en lévitation, femme nue (une vraie) allongée sur un canapé, devant une forêt de statuettes de bronze sur piédestaux et saluant les visiteurs déconcertés... Bon, encore de l’art qui me dépasse ! 

    Nous sommes contents néanmoins d’avoir vu tout cela, et aussi le Balloon Dog magenta de Jeff Koons, superbe (même si la symbolique m’échappe à première vue tout autant que pour le reste), la collection François Pinault et la grandiose et sublime (attention, je suis fan !) fresque géante de Murakami (pas Haruki, l’auteur en vogue*, non, Takashi, le plasticien qui avait fait scandale au château de Versailles en 2010)... 

    Retour au Vaporetto et dernier coup d’œil sur la grande façade blanche avec son affiche assortie... Attendez une minute ! Là, sous mes yeux, sur la toile tendue sur la façade, il y a deux s à Fisscher !! À Madame Fisscher, et PAS à Urs Fischer ! Ça me rappelle une histoire de double lune*...

    Je vous l’avais bien dit qu’il serait question d’orthographe ! Dire que ça ne m’a pas sauté aux yeux à l’arrivée ! C’est vexant !

    Bon, la probabilité d’une coquille est infinitésimalement peu probable sur cette affiche. À l’inverse, il est surprenant que cette Madame Fisscher ne doive pas son nom à celui de l’artiste à l’honneur. Je m’interroge donc sur le pourquoi du comment. 

    De retour de notre parenthèse vénitienne familiale, j’ai cherché... et j’ai trouvé ! Ah ! Toile virtuelle ! Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer !

    « Les deux s sont une allusion au musée de cire de Londres, Madame Tussauds. » Ma source ? Le site lepoint.fr. Fiabilité ? Totale, on peut l’espérer, le journal est la propriété de la fondation Pinault...

    Je le dis souvent à mes enfants – qui cherchent et me signalent fièrement les coquilles qu’ils trouvent ou croient trouver dans leurs livres –, les noms propres, noms de marques ou encore les néologismes publicitaires ne se plient pas strictement aux règles de l’orthographe, et les auteurs jouissent d’une liberté totale en la matière. Nous avons ici un bel exemple, et me voilà satisfaite d’avoir trouvé une réponse à mon interrogation.

    La semaine prochaine, je m’envole pour New York. Que vais-je trouver à me mettre sous la dent au pays de Jeff Koons ?

    *Référence à la série 1Q84 et à ce billet.